jeudi 26 février 2009

Manifeste de la Sensibilité !...


« Ne mépriser la sensibilité de personne.
La sensibilité de chacun, c’est son génie. »
Charles Baudelaire

Après le Manifeste du Biz'Art de Poulili, que je vous conseille de (re)lire, et parce qu'elle abordait également le domaine de la sensibilité... avec son humour poulilien... A savoir, que le Poulili est une forme de langage aussi... qu'on parle sur Poulili Land... (sourire)


(Sisyphe* par Le Titien)



Si on parlait de sensibilité….

On porte souvent sa sensibilité comme un fardeau, parce qu’on nous renvoit cette image négative… que la sensibilité est une sorte de « tare » !... Un « handicap », une « infirmité »… qu’on se doit de cacher… Parce que l’autre la plupart du temps vous dit : « ça ne me touche pas, tu n’as donc aucune raison de t’émouvoir ! ». Combien de fois n'avons nous pas entendu, « mais ne soit pas si sensible !... Tu es trop sensible ! Tu penses trop, tu es trop compliquée !» Cinglant comme un reproche, avec toute l’importance et la force qu’il y a dans le mot « trop » ! Comme si l’on pouvait d’un coup de baguette magique changer sa vraie nature. Devenir « pas assez », et tricher !...

« Trop ! » ce petit mot qui peut prendre bien des sens… Exagération, démesure, excessivité !... Enorme ! Surplus !... Excédent ! La question est posée et vient forcément à l’esprit : « Suis-je trop ? Suis-je de trop ?.... Et si je devenais « pas assez » ?! Et si l’on devient « pas assez », passable, médiocre, alors là, ce sont les « tu n’es pas assez ceci, pas assez cela !". Et du « Bon à rien, mauvais en tout ! » il n’y a qu’un pas !... Trop ceci ou pas assez cela ! Il y a aussi l’option qui consiste à être « assez », "suffisant" !... [Ce qui est bien avec les mots c'est qu'ils ont plusieurs sens dans la langue française]. Combien de fois certains n'ont-ils pas entendu lorsqu'ils étaient enfants « Mais quel(le) pédant(e) celui là (celle là) ! » sans en comprendre vraiment le sens.

Alors, Entre réactivité et passivité, où trouver la frontière entre ces deux antagonistes. Où trouver l’équilibre, lorsqu’on balance entre le « trop » et « pas assez » pour se construire et avoir juste une chance d’exister, de trouver sa place !... Peut être s’effacer et perdre sa personnalité, se dissoudre… Tricher, porter un masque pour survivre, mais se perdre… se déprécier… Devenir l’autre, finir par ressembler à tout le monde, mais n’être plus qu’une ombre… sombrer…Il n’y a pas de solution !... "Et comme à tout problème, il y a une solution. S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème". Car la sensibilité n'est pas un problème en soi !... C'est surtout le regard des autres qui en fait un problème.

« Tu es trop sensible ! Regarde-moi !.... Moi, je suis comme ci, je suis comme ça !... Je fais ci, je fais ça !... Je ne fais pas ci, je ne fais pas ça !...». Sous entendu, la plupart du temps, tu es différente, donc anormale… voire malade, c’est la seule explication qui semble logique ! Et là on a envie de crier très fort : « mais je voudrai simplement être moi ! ».

Il suffit d'avoir une philosophie de pensée et de vie différente, qui fait souvent de "l’Artiste ou du Marginal" (sus-dénommé par les autres, alors qu'il n'en a pas forcément conscience lui même), « une bête à part», un être incompris, dans l'esprit de la plupart des gens et la plupart du temps, le "fainéant de service" parce qu’il semble si indolent face aux évènements, et ne vit pas forcément au même rythme que vous… ou encore déluré excentrique… qui vit à côté de ses pompes !... ou sur une autre planète… Enfin de drôles d’oiseaux que ces bêtes là, affublés de toutes sortes de quolibets…
Rassurez vous ! nous vivons sur la même planète… foulons le même sol de nos pas... Sauf que parfois nous faisons des escales en "Poulili Land"... Comme d'autres vont à PlutoLand !... (sourire). Chacun son truc !...

Enfin , j’ai eu beau regarder l’autre !... L’autre n’est et ne sera jamais mon miroir… L’autre, c’est l’individu à part entière, avec toutes ses différences, qu’on se doit d’accepter. Ces différences qui font la complémentarité et la richesse dans les rapports humains. Ce qui nous ouvre alors la notion de tolérance, respecter l’autre dans ses différences… en ce qu’il a de défauts et de qualités. Y aurait il donc de l’intolérance face à la sensibilité ? Ou plutôt une certaine incompréhension, un malaise, qui peut rendre intolérant face à ce que notre esprit ne peut concevoir ? Parce qu’on n’appréhende pas les choses de la même manière…

Je dirais que la sensibilité c’est l’ « intelligence » du cœur. Et si nous portons un capital de sensibilité et d’émotions, une sensibilité plus ou moins accentuée, elle est propre à chacun. Et si Certains sont bien servis, d’autres en manquent cruellement. Et en manquer ne serait ce pas aussi "un handicap" ?! Tout dépend du point de vue duquel on se place.

Mais c’est cette sensibilité qui nous permet de percevoir, de ressentir et nous l’exprimons au travers de nos émotions. C’est l’émotion qui fait l’humain. Et sans émotionnel, ni sensibilité, il n’y a pas de création possible. Et je pense que c’est dans la nature de l’homme de créer. La preuve en est, des que l’homme a été capable d’exprimer une once de pensée, il a ressenti le besoin de s’exprimer au travers de la création. Les premières peintures rupestres sont là pour en témoigner…

Qui dit sensibilité ne veut pas dire forcément fragilité… Mais cela devient fragilité lorsque cette sensibilité ne peut s’exprimer ou est étouffé ou encore refoulé pour une raison ou une autre. C’est alors comme un puzzle dont il manquerait une pièce, cet espace vide au milieu de l’ensemble… qu’on ne peut combler, et vers lequel le regard, les regards se focalisent, sans voir le bel ensemble formée autour. Une pièce qui manque… et l’œuvre restera inachevée…

Alors la sensibilité n'est pas un fardeau. Il faut juste l'accepter et assumer sa différence, comme toute différence d'ailleurs, apprendre à vivre avec elle. Le plus difficile étant de la rendre acceptable pour les autres.



"En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas.
Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir
qu'il nous voit bien différent de ce que nous croyons être."
Carl Gustav Jung



"Être, c'est être différent, c'est n'avoir pas de sosie, pas même dans la glace".
Louis Pauwels

***



* "Et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête. " Homère

4 commentaires:

  1. Bonjour, Catherine.

    Quelqu'un qui n'a pas de sensibilté ne connait ni la poésie, ni les oeuvres d'art, ni la peinture ni la mausique ni les battements du coeur.
    Bref, ce quelqu'un ne connait pas grand'chose.
    Et c'est bien triste...
    Bonne journée.
    Merci pour tout.
    Je t'embrasse.

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  2. Je n'ai pas les mots là, mais merci à toi d'avoir écrit ceci ...

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  3. je n'ai pas de mots pour exprimer ce que je ressens. Je suis tellement proche de tes mots.

    Je me suis permise de les relayer sur mon blog ...

    bises

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  4. Tout est dit. C'est vrai, cela fait du bien, enfin d'entrer dans une case qui n'en est pas une en faite puisque cette sensibilité émotionnelle n'a pas de frontières, de limites, grâce à elle, nous sommes enfin libre de nos rêves...
    Merci Cléa, gros bizzzzzzzzzzzou
    Marie

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Un petit coup de crayon... au passage ! Merci pour vos couleurs déposées ici...